MÉTAMORPHOSE
Vous aurez un peu à m'attendre.
Vous en profiterez pour décider de vos repères.
A vrai dire, il n'y a rien à voir.
Tout l'élan est au centre de soi.
Les embruns dans les yeux
On se tient au bord de la lande détrempée.
On regarde.
On est d'ici.
On est.
C'est la peau imprégnée de sel et d'iode
qui finit par penser, entendre.
Vous pouvez alors commencer à glisser sous le vent,
faire la pierre qui tombe,
le jet,
remonter en flèche.
Rien de bien difficile.
Les pêcheurs jettent du pain, des crabes.
Les nuages, en pleine panique de marée montante,
vous aspirent,
vous recrachent dans l'écume folle.
Vos ailes zèbrent l'obscurité d'éclairs blancs.
Mouettes qui fusent : elles nous reconnaîtront.
On appelle ces récifs, en bas :
les Triagoz et les Zaméguès.
Et vous,
ami soudain devenu goëlan,
vous saurez toute la confusion
qu'exige
un si haut vol.